Codex des Illuminations est une boîte, un coffret, un coffret-boîte-sculpture contenant 99 feuillets numérotés.
Coffret, boîte, sculpture, livre d’artiste, le codex des illuminations agrège une terminologie rimbaldienne à une autre empruntée à l’univers de Léonard de Vinci : deux références qui absorbent, par fusion, deux temporalités chronologiquement éloignées.
Inductivement et allusivement, l’énoncé sollicite ainsi le temps à l’œuvre, le temps d’une œuvre, l’œuvre du temps.
Du premier geste dessiné à la dernière opération de réalisation de ce coffret, 900 jours se sont écoulés. Ainsi, chacun de ces jours se mesurait par l’apposition méticuleuse, lente, patiente de milliers de points, extrait d’une pointe de stylo à encre n’excédant pas 0,2 mm.
Peu à peu, le temps se convertissait en espace, paradoxalement noir et scintillant.
Chaque feuillet constitutif du codex des illuminations est une double page.
Page de droite : l’œuvre du noir, l’œuvre du voir. Y séjournent et s’y emmêlent représentations imagées du psychisme, figures cosmogoniques et figures cosmologiques revendiquées comme approximatives ; Cassiopée, suspendue à l’invisible de ses fils, rejoint le polyèdre de Dürer, ou bien encore celui de Parmiggiani ; l’œil d’Odilon Redon resurgit d’une terre oubliée de l’espace sidéral.
Page de gauche : l’œuvre du blanc, l’œuvre du dire, métaphores oniriques qui se teintent, par le dessous, de la figure de Saturne, discrètement et en distance. S’agirait-il alors, de former le verbe, sans lien apparent de causalité avec l’image qui l’accueuille, afin de coucher, sous silence, des stratifications mentales qui s’entrechoquent, se superposent, se télescopent.
Double page, double langage, double regard dans lequel le temps se suspend à l’espace, invisible et lumineux, demeure noire et blanche, sans histoire, sans l’histoire.
99 feuillets, numérotés mais interchangeables comme si le temps linéaire n’était pas celui qui ferait sujet, d’un aujourd’hui, d’un hier, d’un demain.
99 feuillets et non 100, comme si le chiffre parachevait l’inachevé de l’entreprise.
L’enfermement par une boîte, boîte crânienne, boîte tombale, boîte coffret qui ne livre ou ne délivre, qui ne scelle ou ne descelle que ce que les circonstances de son exposition expérimentera. Son contenu ne s’exhibe pas entièrement.
Ainsi apposé sur un socle, le coffret ne se montrerait qu’isolé par un écrin/écran, transparent, ne renfermant qu’une moitié de l’ensemble des feuillets, la seconde étant offert à la vue, en cimaise.
La boîte coffret est blanche. Cependant, cette boîte, à l’instar des boîtes noires, est maintenue dans un secret de fiction, en réserve.
Au Codex des illuminations, s'agrègent, d'autres anachronismes, des objets/sculptures, satellitaires, aveugles scintillants,...
« Noircir, c’est faire apparaître, rendre visible un dedans en un représenté », J-Luc Jehan, extrait du dictionnaire des mots et expressions de couleur, Le Noir, A.Mollard-Desfour, CNRS editions.
Jean-Luc Jehan
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